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SMLH 17. La vie extraordinaire d'un centenaire

Un soleil radieux illuminait le tableau, en ce 22 septembre 2022, le jour exact de l'anniversaire de notre ami Guy Aubry, né le 22 septembre 1922 !

 

Il se tenait assis, droit sur sa chaise devant la mairie de Salles-sur-Mer, entouré de quelques personnalités et d’une classe CM1/CM2 de l’école mitoyenne du Panzay. Les enfants lui avaient gaiement chanté « joyeux anniversaire, Monsieur Aubry » avant de lui poser les questions qu’ils avaient soigneusement préparées : « comment êtes-vous entré en Résistance ? », « sans m’en apercevoir ! ». La machine à souvenirs est lancée, langue vive, anecdotes précises, humour affûté.

 

On voit le très jeune homme au côté d’Émile Normandin, dont il fut témoin de l’arrestation ; on le voit prendre en charge un aviateur écossais auquel il recommande de couper sa moustache, trop identifiable, on le voit pratiquer l’escalade sur les côtes bretonnes avec les marins-pêcheurs qu’il accompagnait…

 

La cérémonie se déplace ensuite dans la salle des mariages, où une très belle exposition photos a été organisée, relative aux évènements si nombreux dont Guy Aubry fut acteur, en Afrique et en Extrême-Orient notamment.


Engagé dans la gendarmerie nationale en 1947, il rejoint l’Indochine où il se distingue tout particulièrement par des engagements forts, sous le feu ennemi, à la tête de ses supplétifs ; le 26 décembre 1949, 19 jours après son arrivée, il est cité une première fois pour avoir porté secours à son chef de groupe blessé ; puis il est cité à quatre reprises, pour des engagements.


Il a aussi effectué de nombreux séjours en Afrique, entre 1955 et 1975, notamment au titre de la coopération militaire.


Le colonel Marion rendra l’hommage solennel à son ami, tous deux très engagés dans le Trèfle, la société d’entraide des élèves et anciens de l’École des Officiers de la Gendarmerie Nationale. Il le fit en donnant lecture d’une lettre que Guy Aubry avait publiée en plein confinement, en 2020 – anecdotes singulières et puissantes réflexions d’un penseur de haute volée sur l’épreuve à laquelle notre société était alors confrontée.

Dans le golfe de Siam, premier fléau, arrivé par jonque de Chine (« déjà » …), la peste et ses cent morts quotidiens. Traitements parachutés dans l’urgence et administrés dans la foulée, « pas de questions à se poser » …

 

En Afrique, il affrontera ensuite typhus, lèpre, choléra, décimant les populations ; mais, dans un parallèle avec la crise sanitaire qui culminait quand il écrivait cette lettre, il dira aussi sa confiance en la science.

 

Il raconte aussi les fois où il échappa à la mort : dans sa lutte contre le Viet-Minh, « grâce à la culasse enrayée du PM d’un Viet » où en s’échappant de la chambre avant l’explosion de la grenade qui y avait été jetée ; au Tchad, affrontant, « à cheval et au sabre », des rezzous soudanais venus faire la razzia… Un héros ? « la peur n’écarte pas le danger » répond-il. « J’avais un net avantage sur vous, car l’adversaire était matérialisé, [à la différence de ce que vous vivez aujourd’hui] avec un ennemi insaisissable, mortel, et qui casse notre vie traditionnelle ».

 

Répondant à l’hommage du colonel Marion, il s’adressa à son tour aux gradés de la gendarmerie assis autour de lui et invita à communier avec lui pour « toutes les nobles causes que vous défendez ».


Anne-Laure Babault, députée, Jean-François Fountaine, président de la Communauté d’agglo de La Rochelle, Colette Chaigneau, représentant le Comité La Rochelle-Ré de la Légion d’honneur, entre autres personnalités, vinrent ensuite offrir leurs cadeaux, avant que Madame Chantal Guillebaud-Subra, maire de la commune, n’invite l’assistance à partager un magnifique gâteau d’anniversaire et le verre de l’amitié.


Publié le 17 octobre 2022